INRH
Une Flotte en Expansion à l’horizon 2021
Jusqu’à présent l’INRH assure le suivi direct des ressources halieutiques nationales à travers des campagnes de prospections scientifiques menées à l’aide de deux navires de recherche de tailles moyennes, du type navires de pêche, l’un dédié aux ressources pélagiques et l’autre aux ressources démersales.
Compte tenu des ambitions gouvernementales affichées pour le secteur de la pêche, la stratégie Halieutis avait mis en avant en 2009 l’importance d’un renforcement de la flotte nationale de recherche halieutique pour devenir un objectif stratégique majeur de l’INRH.
Ce chantier a démarré dès 2011 par l’examen de la construction d’un navire de recherche océanographique pour la recherche halieutique, de dimension optimale et selon les standards internationaux, pour permettre à l’INRH d’opérer l’ensemble des activités océanographiques et halieutiques selon une approche écosystémique des pêches.
Le Département de la Pêche Maritime a par ailleurs mobilisé d’importants fonds en appui à l’INRH afin de procéder au développement et à la diversification des moyens de navigation dédiés à la recherche halieutique et océanographique, notamment dans la bande littorale et côtière. L’objectif étant de disposer du nombre d’unités d’intervention en mer suffisant, de tailles et de spécifications diversifiées pour couvrir l’ensemble des activités de recherche sur l’ensemble des écosystèmes et selon un rythme suffisamment régulier pour assurer la production de la connaissance scientifique nécessaire pour une gestion durable des stocks et des écosystèmes marins.
Entre 2021 et 2022, l’INRH verra l’aboutissement de ces efforts conséquents en faveur d’un renforcement de la flotte de recherche océanographique et halieutique nationale, par l’arrivée de plusieurs unités neuves.
La flotte océanographique, un outil décisif pour les missions de l’INRH
L’INRH a recours à des bateaux de recherche pour opérer ses missions :
Evaluation des stocks halieutiques exploités
La détermination des niveaux d’abondances, des aires de distribution ainsi que de nombreux autres paramètres biologiques et écologiques des stocks halieutiques exploités, sur une base régulière annuelle au minimum, s’avère avec l’expérience la meilleure approche de suivi et d’accompagnement scientifique dans le processus de gestion durable des stocks. Elle permet la formulation d’avis scientifiques pour la gestion durable des ressources halieutiques, sur la base de données indépendantes à la pêche, fiables et robustes.
Suivi océanographique et écologique des écosystèmes marins
La compréhension du fonctionnement des océans, l’étude de la productivité biologique des écosystèmes marins et la caractérisation des conditions hydrologiques et océanographiques sont indispensables pour évaluer les capacités de production et d’exploitation des ressources halieutiques de ces écosystèmes en matière de pêche et d’aquaculture.
Surveillance de l’évolution des écosystèmes marins, des habitats marins, de la biodiversité et du milieu marin
La pollution marine, la destruction des habitats marins et l’érosion de la biodiversité sont des problématiques majeures dont le suivi scientifique régulier constitue un élément indispensable pour la mise en œuvre des politiques publiques de durabilité à l’échelle nationale ainsi que dans la gouvernance des océans au niveau international.
Une flotte océanographique avec des objectifs techniques et scientifiques
Les objectifs techniques
- Assurer une couverture et un échantillonnage suffisant de l’aire de prospection correspondant soit aux aires de distribution des stocks prospectés soit à celles des processus océanographiques étudiés
- Effectuer des mesures acoustiques, bathymétriques et océanographiques permettant de mesurer les paramètres
- Effectuer des opérations de pêche par chalutage ou autre type d’engin, et mesurer ses performances
- Prélever des échantillons de la colonne d’eau, du fond marin et des organismes vivants collectés
Les objectifs scientifiques
- Procéder à l’identification taxonomique et au comptage en effectif et en poids de l’ensemble de la capture échantillonnée en vue d’obtenir un inventaire systématique de la biodiversité échantillonnée pour alimenter et mettre à jour les indicateurs de biodiversité marine suivie par l’INRH
- Mesurer les paramètres biologiques en particulier les tailles et les stades de maturité des espèces cibles pour estimer les structures démographiques et les phases vitales clefs et/ou sensibles des principaux stocks cibles
- Analyser les mesures acoustiques pour l’évaluation des stocks
- Mesurer et analyser les paramètres de performances de pêche des stations d'échantillonnage
- Mesurer et calculer les paramètres et indicateurs quantitatifs des populations/stocks halieutiques. Il s’agit en particulier les rendements, l’abondance, la biomasse et les cartes de distribution des espèces échantillonnées cibles, principaux indicateurs directs de l’état des stocks cibles
- Prélever le matériel biologique, notamment les contenus stomacaux, les pièces durs, morceaux de chair etc, pour l’estimation des paramètres biologiques utilisés dans les évaluations indirectes des stocks ainsi que pour les diverses études en biologie, écologie et génétique des espèces cibles
- Mesurer les paramètres océanographiques et calculer les indicateurs d’état océanographique prévus par le programme de surveillance océanographique et environnemental
- Opérer les engins de type ROV et autres pour observer les habitats cibles et prélever si nécessaires des échantillons complémentaires pour les études de l’écosystème marin
- Prélever et analyser les sédiments pour caractériser la nature du fond. Il s’agira entre autres, d’analyser la composition du sédiment puis d’identifier et de quantifier toutes les espèces du benthos enfouis dans le sédiment
- Analyser les données acoustiques pour les travaux de cartographie bathymétrique et de nature du fonds
- Effectuer des mesures nécessaires aux études de sélectivité des engins de pêche et d’amélioration des techniques de pêche en faveur de la durabilité des écosystèmes
- Procéder aux développements méthodologiques des techniques acoustiques pour l’identification et l’évaluation de l’abondance des stocks halieutiques
Une diversité d’espèces,d’habitatset d’écosystèmes qui exige une large gamme de types de prospections
Sur une base régulière et systématique, l’Institut doit opérer plusieurs types de prospections en mer pouvant faire l’objet de missions spécifiques ou de mission conjointes et/ou pluridisciplinaire selon les stratégies scientifiques et les moyens d’intervention en mer.
1. Pêche à pied
C’est la méthode utilisée pour le suivi des ressources littorales occupant la zone intertidale et ne nécessitant pas de moyen d’intervention en mer particulier si ce n’est l’accessibilité aux aires de distribution par la voie terrestre dans les conditions de basse mer. Cette méthode est utilisée dans la plupart des cas pour l’évaluation directe des ressources conchylicoles.
2. Prélèvement par plongée
Lorsque les ressources littorales sont situées dans des zones constamment immergées, on utilise la plongée en bouteille pour les mesures directes et prélèvements des échantillons. Cette méthode nécessite généralement des embarcations légères et sont utilisées pour des espèces telles que le gelidium, algue rouge connue pour sa forte teneur en alginates et dont la transformation permet d’extraire de l’agar-agar, produit très important dans l’industrie agro-alimentaire et pharmaceutique.
3. Exploration par R.O.V (Remotely Operated Vehicle).
L’évaluation du concombre de mer ou du corail rouge se font également par plongée, mais sachant que les zones de distribution de ces espèces peuvent aller à des profondeurs où les plongées sont complexes et peuvent comporter des risques, l’INRH a acquis un ROV, Remotely Operated Vehicle, offrant de nouvelles opportunités d’exploration du milieu marin à distance mais dont la méthodologie est encore à développer.
4. Drague artisanale
La pêche de certains coquillages tels que la praire et la coque rouge est opérée par la pêche artisanale à l’aide de petites dragues artisanales. L’INRH utilise également ce type d’engin pour l’évaluation spécifique de ces espèces.
5. Chalutage de fond
Pour la majorité des espèces benthiques démersales, l’INRH utilise les prospections au chalut de fond Selon le type d’engin et de maille utilisée, si les zones sont chalutables, cette méthode présente l’avantage d’être la moins sélective possible et permet donc d’échantillonner la plus large gamme d’espèces occupant la zone prospectée. Elle offre aux biologistes le maximum de données scientifiques possible, aussi bien sur les espèces marines étudiées que sur les peuplements et les communautés de la zone d’étude, pouvant servir aux études de biodiversité, d’écologie marine et aux évaluations de stock destinées à formuler des avis scientifiques pour la gestion des ressources halieutiques.
6. Acoustique et chalut pélagique
L’évaluation des stocks des petits pélagiques est effectuée selon une méthodologie différente que les ressources benthiques et démersales en raison de leur caractère plus dynamique dans l’espace et le temps. Des méthodes acoustiques ont été développées et s’appuient sur le principe de la capacité de réflexion des poissons d’une partie des émissions acoustiques effectuées par les sondeurs scientifiques. En fonction de l’énergie réfléchie et mesurer par les sondeurs acoustiques à bord, les scientifiques sont en mesure d’évaluer les quantités présentes à l’origine de la réflexion acoustique. En complément à ces mesures par balayage acoustique qui donne une information quantitative, des coups de chalut sont opérés au chalut pélagique au niveau des détections acoustiques pour effectuer pêches dites de contrôle qui permettent d’analyser plus en détail la composition spécifique et démographique des bancs de poisson détectés par les signaux acoustiques. Avec cette méthode, on est alors en mesure de cartographier et évaluer les biomasses des principales espèces pélagiques présentes dans les bancs détectés, tout en prélevant de précieuses information sur les structures démographiques des stocks évalués et autres paramètres biologiques indispensables aux biologistes des pêches pour procéder aux évaluations de stocks.
7. Mesures océanographiques
Les mesures océanographiques sont multiples, extrêmement exigeantes en matériel scientifique complexe. Il y a en général trois manières différentes de collecter les données océanographiques
Imagerie satellite
Les mesures par imagerie satellite des principaux paramètres océanographiques relatifs à la surface des océans. Les principaux paramètres issus des images satellites sont la température de surface, la chlorophylle a qui est un indicateur de la production primaire et les niveaux de la mer. Le vent est également un paramètre disponible par image satellite. Les avantages qu’offrent cette approche est la synopticité et la régularité dans l’espace et le temps de la collecte de l’information mais elle présente également de nombreuses limites. En plus du fait qu’elle ne permette de disposer d’une gamme limitée de paramètres océanographique, elle offre une information très riche à grande échelle, comme à l’échelle du bassin océanique et de la climatologie, mais en raison d’une résolution qui était jusqu’à récemment limitée, elle ne permet pas d’étudier les phénomènes à l’échelle locale.
Plus récemment, avec le développement des capteurs opérant sur le domaine de visible, il est possible de mesurer des paramètres tels que la charge de sédiments en suspension, la concentration des substances dissoutes dans l’eau, la présence des polluants, et même réaliser de levés bathymétriques des zones peu profondes.
Avec le développement des satellites, de plus en plus d’outils sont en cours de développement pour la pêche basée sur la combinaison de l’imagerie satellite et la modélisation, mais la mesure in-situ, soit à l’aide de mouillages ou de campagnes océanographiques demeurent indispensable pour la calibration de ces outils.
Mouillages
es mesures in-situ de l’ensemble des paramètres océanographiques biologiques, physico-chimiques, et physiques à l’aide de sondes installées en continu sur des mouillages ou bouées océanographiques constituent une alternative de mesure continue permettant un monitoring océanographique et environnemental très précieux pour la recherche océanographique mais à l’instar des autres méthodes présente également des limites. Alors qu’elle permet une large gamme de mesures tout au long de la colonne d’eau, elle se limite aux point de mouillage et ne peut pas appréhender la variabilité et la dynamique spatiale des processus océanographiques étudiés. En matière d’implémentation, elle exige également un suivi étroit des mouillages en raison des risques importants de perte de matériel océanographique très couteux et difficile d’acquisition.
Prospection océanographique
Afin d’avoir une large couverture spatiale des paramètres océanographiques, on procède à des campagnes de prospection en mer soit, spécifiquement océanographiques, soit combinées avec d’autres thématiques telle que l’évaluation de stock.
Ces campagnes comportent une multitude de mesures provenant de l’équipement scientifique à bord, dont les principales sont :
ROSETTE / CTD/LADCP
Ce système permet de mesurer la structure verticale de certains paramètres océanographiques, généralement physiques, au niveau d’une station donnée. La CTD (Conductivity Temperature Depth) permet de capturer, en temps réel, la variation avec la profondeur des paramètres tels que : la température, la salinité, la fluorescence, la turbidité, l’oxygène dissous, et le pH. Cette information en temps réel, permet d’identifier les profondeurs d’intérêt, dans lesquelles on a l’objectif de mesurer d’autres paramètres, tels que les concentrations des sels nutritifs, la composition du phytoplancton, la présence des micro-plastiques, etc. Les bouteilles de prélèvement de la rosette, déclenchées de la surface, nous permettent ainsi d’échantillonner la colonne d’eau à plusieurs niveaux. Pour compléter l’information hydrologique recueillies, on a besoin d’informations sur le profil du courant simultanées aux autres mesures. Le système LADCP (Lowered Acoustic Doppler Current Profiler) est composé généralement par deux profileurs ADCP montés sur la rosette, et abaissés sur le fil hydrographique en même temps que la Rosette et la CTD. Ce système permet de mesurer le courant en utilisant un principe d'ondes sonores appelé effet Doppler.
ADCP
C’est un courantomètre profileur utilisant l’effet Doppler, installé au niveau de la quille du navire, et permet de mesurer la direction et la vitesse du courant dans la colonne d’eau, le long du trajet du navire. Ces courantomètres sont équipés de céramiques acoustiques fonctionnant à des fréquences variables, de 75 kHz à 1200 kHz. Cette fréquence marquera la résolution verticale des mesures dans la colonne d’eau (nombre de cellules) ainsi que la portée du profil (épaisseur maximal de la colonne d’eau échantillonné).
SONDEURS BATHYMETRIQUES
Des instruments acoustiques installés sous la coque du navire permettant de réaliser des levés bathymétriques. Un signal sonore émis par le navire permet, après réverbération sur le fond et enregistrement de l'écho en retour, de déterminer la profondeur moyenne à la verticale du navire, en fonction du temps de trajet de l'onde sonore, sous réserve d'une hypothèse sur la vitesse moyenne de parcours. Il existe deux types de sondeurs acoustiques. Les sondeurs monofaisceaux, dont le signal acoustique est émis et reçu par un seul transducteur, et les sondeurs multifaisceaux dont le signal acoustique est émis par un ensemble de transducteurs, le signal réfléchi par le fond est reçu par un réseau de transducteurs perpendiculaire à la coque du navire. L’utilisation des sondeurs multifaisceaux a augmenté l'efficacité, la précision et la résolution spatiale de la cartographie du fond marin.
THERMOSALINOMETRE/FLUORIMETRE
Un instrument CTD et fluorimètre, positionnées sur un circuit d’eau de mer alimenté par une pompe centrifuge, permettant la mesure en continu des paramètres de la surface de la mer le long du trajet du navire, tels que la température, la salinité et la fluorescence.
FILET A PLANCTON
Ce filet permet l’échantillonnage du zooplancton et de l’ichtyoplancton. Selon l’objectif de l’échantillonnage, on peut utiliser plusieurs types de filet utilisant différentes mailles, dont les plus importants sont : filet simple à multi-ouverture, pour l’échantillonnage stratifié en profondeur des larves de poisson, ou filet double avec une maille plus fine, pour avoir un échantillon vertical de la fraction la plus petite de l’ichtyoplancton (œufs) et le zooplancton. Un troisième type consiste en un ensemble de filets, déclenchés en séquence, remorqués obliquement à travers l’eau. Dans ce cas, les filets sont contrôlés par un ordinateur à l'aide d'un câble.
STATION METEOROLOGIQUE
Les navires océanographiques sont équipés d’une centrale météorologique qui permet de mesurer les différents paramètres météorologiques durant les campagnes océanographiques. Dite centrale est généralement composée de plusieurs capteurs permettant la mesure de la température de l’air, la pression atmosphérique, l’humidité, la direction et la vitesse du vent